-
Power from sea snake
Creation date: 24th of July. 2012
Les générateurs d'électricité jouent les serpents de mer
Article publié dans le numéro 2895 du 25.11.2003 de l'USINE NOUVELLE
Rédacteur: Arnault Boulmi
La société écossaise Océan Power Delivery
La société écossaise Océan Power Delivery achève la construction d'un flotteur offshore de 120 mètres de long convertissant l'énergie des vagues en électricité. Un concurrent des éoliennes. Il y ressemble, il en a le nom, mais Pelamis n'est pas un nouveau serpent de mer. Il s'agit d'un système inédit de conversion de l'énergie des vagues en électricité, dont la «jeune pousse» écossaise Océan Power Delivery achève la construction pour la fin de l'année et pour lequel elle a levé près de 10 millions d'euros en 2002 auprès des fonds Norsk Hydro Technology Ventures, 3i et Sam. Capable de délivrer une puissance maximale de 750 kilowatts, Pelamis se démarque de ses concurrents par sa forme.
Loin des rondeurs des bouées génératrices d'électricité, il adopte le profil d'un serpent de 120 mètres de long plongeant au cœur des vagues en cas de forte houle. Ce qui lui permet de survivre aux fortes tempêtes.
Un nez examiné sous toutes les coutures
La génération d'électricité est assurée par un dispositif qui transforme le mouvement ondulatoire des vagues en une rotation capable d'entraîner un alternateur. Pour y parvenir, la proue de chacun des trois flotteurs de Pelamis est équipée d'une unité de production d'énergie reliée au flotteur suivant par deux vérins. Placés dans le plan vertical, ils sont actionnnés successivement à chaque oscillation. Et mettent sous pression une réserve d'huile dans l'unité de production d'énergie à laquelle ils sont reliés.
Celle-ci alimente un moteur hydraulique, lequel produit une rotation entraînant un générateur électrique, identique à celui d'une éolienne. Le courant triphasé de 690 volts qui en sort est transmis par câble sous-marin au rivage. Le « nez » de Pelamis a été très étudié.Testé dans des versions jusqu'au l/7e, notamment dans les bassins de l'Ecole centrale de Nantes et avec les consultants du cabinet Attons, ce cône de 5 mètres a été légèrement incliné pour «plonger» au cœur des vagues dès quelles dépassent 5 mètres de hauteur et des périodes de 6 secondes. « Ces tests nous ont aussi permis de fixer une architecture optimale reposant sur 3 flotteurs cylindriques en acier de 40 mètres de long et d'un diamètre de 3,5 mètres », explique Max Carcas, directeur du développement d'Océan Power Delivery. Avec leurs parois de 25mm d'épaisseur, les premiers tronçons du système évoquent ceux d'un sous-marin. Et pour cause ! Le système complet pèsera 400 tonnes et près de 700 tonnes avec ses ballasts, en conditions de service. Une telle masse oblige à utiliser des mouillages réservés aux plates-formes offshore.
A terme, le convertisseur d'énergie est conçu pour être installé en réseaux, appelés «fermes». Une quarantaine d'appareils ainsi assemblés sur 1 km² pourraient produire 20 mégawatts d'énergie «propre», alimentant jusqu'à 20 000 foyers.
La rentabilité et l'avancement du projet
Avec une production d'électricité maximum à partir de vagues de 5 mètres, il se pose en concurrent des éoliennes, malgré un prix d'installation supérieur : 1500 euros par kilowatt contre 1000 euros par kilowatt pour les éoliennes qui bénéficient, il est vrai, de plusieurs dizaines d'années d'expérimentations.
Les concepteurs de Pelamis entendent bien réduire le retard. L'enjeux est désormais de vérifier l'intégrité des composants sur le long terme avant de passer en pré-production souligne Andrew Scott, ingénieur responsable du projet. Un voeux bientôt exaucé. Pour sa première sortie en mer, prévue fin 2003 ou début 2004, le Pelamis sera installé au large du nouveau Centre européen d'énergie marine (Emec) dans les Orcades au nord de l'Ecosse. En cette période de l'année, le baptême de plongée houleux est garanti.
